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Libération
Critique

Au-dessus de tout soupçon. Le dernier Pollack n'est pas mauvais. Il est seulement tiède et ennuyeux. L'Ombre d'un soupçon de Sydney Pollack avec Harrison Ford et Kristin Scott Thomas. 2 h 12.

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publié le 10 novembre 1999 à 1h53

Le «bon goût» est peut-être ce qui semble le plus caractériser

Sydney Pollack, un homme attachant que l'on aime de plus en plus voir faire l'acteur chez les autres. Le bon goût ruisselle effectivement de cette dernière production: Kristin Scott Thomas, Harrison Ford, photo léchée de Philippe Rousselot, musique jazzy-chic de Dave Grusin. Alors pourquoi Pollack, honnête homme s'il en fut, fait-il finalement des films si chiants? Havana, Sabrina, Out of Africa, rien de passionnant depuis les mémorables Tootsie, Trois jours du condor ou Yakuza (une malédiction des titres en A?).

Le titre anglais de l'Ombre d'un soupçon est Random Hearts, les «coeurs au hasard», ou «vagabonds». Le hasard ici est un avion qui s'écrase en Floride, fracassant entre autres choses le petit monde de deux personnages: Dutch, un flic respecté (qui s'habille bien parce que sa femme bosse chez Saks) et Kay Chandler, membre du Congrès élevée dans le sérail. Chacun découvre l'infidélité de son partenaire. Un peu comme Gene Hackman dans le grand Night Moves d'Arthur Penn, le flic cocu n'a de cesse que d'assouvir son obsession, trouver la vérité, renifler les draps, forçant la main de Kay, puis la prenant.

Daube tiède. C'est un film «adulte», comme on dit. C'est-à-dire des situations «spéciales» auxquelles on ne croit pas une minute. «J'espère que t'es pas démocrate», dit la républicaine Kay au saut du lit d'amour. De ce genre de film, il n'y a de reproches à faire à personne, sinon au romancier, à l'adaptateur,