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Libération
Critique

«Cure» de ténèbresKurosawa radicalise les codes du thriller. Flippant. Cure de Kiyoshi Kurosawa avec Koji Yakusho, Tsuyoshi Ujiki, Masato Hagiwara. 1 h 20.

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publié le 10 novembre 1999 à 1h53

Un serial killer sévit à Tokyo et dans ses environs, tailladant

atrocement ses victimes d'une grande croix en forme de X vengeur sur la poitrine. Un jeune homme erre sur une plage et tombe évanoui. Un couple le recueille et, interrogeant l'inconnu, découvre qu'il est non seulement amnésique (il ne sait plus son nom) mais que sa mémoire n'imprime rien, chaque seconde pour lui remettant son compteur mental à zéro. Le lendemain, la femme gît dans son sang et son mari se défenestre. L'adolescent a disparu. L'inspecteur de police chargé de l'enquête, Takanabe, ne tarde pas à retrouver sa trace et à comprendre que ce vagabond aux allures de Lorenzaccio cireux sème la mort partout où il passe. Adepte de l'hypnose, formé aux théories de Mesmer, il pénètre l'esprit de ces victimes et les force en douceur à commettre l'irréparable.

Aux Etats-Unis, le film de tueur en série est un genre en soi, d'ailleurs un peu passé de mode. Le Silence des agneaux, Copycat, Seven ou Scream n'ont cessé de varier sur des thèmes proches, touillant tous dans le démonisme arty, la lugubrerie psycho et le pulsionnel torve. Quand Kiyoshi Kurosawa obtient enfin un budget plus conséquent que pour ses autres films afin de tourner Cure, il sait qu'il va devoir composer avec les codes du thriller hollywoodien, en les acclimatant au Japon mais aussi et surtout à son propre univers. Le résultat dépasse de loin le simple exercice de détournement de commande. La montée anxiogène qui accélère inexorablement le pouls