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Libération
Reportage

«Je veux détruire ceux qui me financent». Où le réalisateur américain rencontre ses admirateurs. The Big One de Michael Moore, avec Garrison Keilor, Rack Nielsen, Phil Knight. 1h26

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publié le 10 novembre 1999 à 1h53

Lorsqu'il entre dans la salle parisienne l'Arlequin pour présenter

The Big One, le 24 octobre, on a l'impression qu'il vient de «tomber» de son film. On pourrait baptiser cet effet «Rose pourpre». Mais avec son look d'ado attardé, casquette de base-ball et jean king size épuisé, Michael Moore n'a pas exactement la plastique de Mia Farrow. Cette technique du «mon film continue dans la salle» fait partie d'un dispositif promotionnel bien rôdé. Ce dimanche matin, Michaël Moore parvient rien moins qu'à transformer une opération de PLV (publicité sur le lieu de vente) en réunion de cellule subversive.

«Ces connards nazis». Dans la salle, le public a bien réagi au film. Un spectateur américain démarre le débat sur les chapeaux de roue, en groupie un peu hystérique: «Je travaille dans une compagnie qui a fusionné, délocalisé, etc. J'ai vu trois fois votre film!». Moore l'interrompt «Ouh la la, faites autre chose de votre vie!». L'employé US poursuit: «En Amérique, dès qu'on pose des questions dans l'entreprise, on est suspecté de gauchisme. Qu'est-ce qu'on peut faire contre ça?» «Je ne sais pas s'il reste une gauche en Amérique, répond Moore, ça m'inquiète parce que les gens ne sont plus représentés. Mais si on attend que la gauche se réveille, de New York à San Francisco, on n'est pas au bout de nos peines. Il vaut mieux se débrouiller tout seul.» Un autre Américain intervient. Il se présente comme professeur de civilisation américaine à Paris. «J'ai failli arrêter d'enseigner aprè