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Libération
Cinéma

La culture du navet. Cette semaine : «Fight Club»

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par BAYON
publié le 10 novembre 1999 à 1h52

Les fans de Pola X vont aimer ce pouding d'Armée des 12 singes, 400 Coups et autres Naked, Volte-Face, Starship Troopers, Luna Park, Chute libre, la Cage aux folles dont Fight Club constituerait un cybermix en forme de The Game Is Over. La réclame paradoxe : «Chaos, confusion, savon», oubliant «tromblon» (l'atroce Nikita Bonham Carter), «bidon» et «bourdon». A pot-pourri (futurologie, sexologie, psychologie, polémologie), écumoire. Parmi les qualités gâchées de ce sous Van Damme embouteillé, ne prêtant à aucune polémique contrairement à ce que s'emploie à faire croire le battage promo spéculant sur une pseudo-«violence insoutenable» et un non moins fumeux «nazisme sous-jacent», on retient : 1) l'insomnie, 2) Edward Norton.

L'insomnie est le propos du film. Fil conducteur et décor. Bon thème pour l'esthète nocturne de Seven. On sait que l'insomnie est un symptôme dépressif inaugural. Edward Norton superstar, tête à gifles sympa de gamin flapi, est convaincant en somnambule, comme l'auteur dans sa fixation mélancolique manifestement familière. Dans Seven, Morgan Freeman le flic désabusé ne pouvait plus fermer l'oeil sans le secours d'un métronome ; et Brad Pitt somnolait entre deux rames de métro; avec Fight Club, la déprivation de sommeil devient la vie même, comme anxiété. Le «narrateur» wasp ne se repose jamais, sauf en avion; c'est dans ce contexte de jet lag