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Libération

Coupe claire dans la forêt peinte. L'oeuvre d'Ibarrola victime d'un bûcheron.

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publié le 12 novembre 1999 à 1h54

Madrid, de notre correspondant.

Le rêve d'osmose avec la nature d'Agustin Ibarrola vient d'être violemment rogné à coups de tronçonneuses. Cet artiste basque s'était rendu célèbre par sa «forêt peinte»: un bout de massif forestier dans la vallée d'Oma, sis au coeur de la Biscaye sauvage, que les coups de pinceau d'Ibarrola n'ont cessé, depuis le début des années 80, de rendre multicolore. Or, le propriétaire d'une parcelle de cette forêt insolite vient de faire table rase de cette oeuvre d'art picturale à l'air libre. Sans alerter quiconque et sans fournir d'explications. Au total, il s'agit de l'abattage d'une trentaine de troncs transfigurés par la main de l'artiste basque, particulièrement célèbre auprès du grand public. Symbole touristique. Il y a bien sûr le désarroi de l'auteur, un petit homme chenu à moustache de 68 ans, couvert d'un inévitable béret noir, qui vit presque esseulé dans le hameau voisin de Kortezubi. Il y a aussi l'agression contre un des symboles touristiques du Pays basque. Depuis une bonne décennie, la «forêt peinte» d'Agustin Ibarrola draine quelque 150 000 touristes l'an et offre à cette région marquée par la violence et la morosité l'un de ses rares aspects riants, comme le prouve son omniprésence dans les dépliants touristiques régionaux. Conscientes de son impact positif, les autorités de Biscaye avaient d'ailleurs acquis la quasi-totalité de cette «forêt peinte». Restait une parcelle privée, celle où la «saignée» vient d'avoir lieu. Trop chag