Robert Kramer est mort mercredi soir d'une méningite cérébro-spinale
à l'hôpital de Rouen. Il avait 60 ans. Il était connu en France surtout depuis 1989, quand Route One USA, road movie à la lisière de la fiction et du documentaire, avait rencontré un beau succès à la télévision et dans les salles. Mais sa carrière avait commencé bien avant. Dès les années 60, quand, dans son Amérique natale, il avait réalisé l'alliance de la critique radicale d'une société rongée par la guerre du Viêt-nam et les inégalités sociales avec la recherche de formes nouvelles de narration.
Reporter. Cet admirateur de John Ford est né à New York en 1939. Fils d'un médecin, il étudie la philosophie et l'histoire de l'Europe de l'Ouest. Il écrit aussi des romans qui ne seront pas publiés, ainsi que des poèmes, des pièces de théâtre, et il s'engage dans un projet de développement à Newark (New Jersey), dans la communauté noire américaine.
Passionné par le journalisme, il devient un temps reporter en Amérique latine. C'est là que germe l'idée de fonder une coopérative de cinéastes vouée aux actualités filmées. Ce sera le Newsreel movement. Dans ce contexte Robert Kramer commence le portrait d'une génération américaine, celle des militants contre la guerre du Viêt-nam. Mais jamais son engagement n'empêchera le cinéaste de se poser des questions. Ainsi, In The Country, son premier long métrage, tourné en 1967, met en scène les doutes d'un homme sur son combat contre la politique américaine. The Edge (1968)