Les Islandais ont eu leurs Sugarcubes et Deus, avec la voix arctique
de Björk; pourquoi n'aurions-nous pas nos Kohann embrumés avec Michèle Gaurin susurrant Kest, Trevari ou Dihun sur label Sonj? De Lorient, en guise de Bristol, le trip-hop revu kan-ha-diskan de ce trio antidaté est une bonne nouvelle du front français.
Ni exactement «french touch», ni «école bébête», ni folk, Kohann propose un bon concept qui serait à peu prés le «techno-gwerz» (genre de blues local), le «trip-splin» (danse du cru avec l'auriculaire), ou le «cyberbreizh». Palatales et rythmiques givrées, en granité bruitiste dépris de l'encombrante celtitude à guitares et harpes «new age».
L'album Mil Bed, croisement improbable d'EV (le météore celto-finnois Shamaani), de Mylène Paradis et autre Madrid post-rock ou Deep Forest, marie froissements sylvestres et évanescences magnétiques. Pour onze comptines aux relents de Young Marble Giants solarisés.
«Rag m'en-neus gouiet mab- dén ijinein en dispeuc'h»: on dirait le Grand Albert, ce bréviaire obscurantiste pour «arrêter le feu du ciel» ou la maladie de la vache. La voix, comme rosicrucienne, installe une ambiance légèrement envoûtante, animalité champêtre enrobée de soie synthétique. «Troiennad e ra en awel ba'n heol"» Ponctué de tubes virtuels, tout le volume, de onze titres, est de cette farine de perlinpimpin électro-filtrée, avec des variations d'arrangements pour péripéties. Tout un grouillement de son compacté, en système relevant plutôt de la cuisine te