Riant dans sa barbe poivre et sel, Taj Mahal se redresse: «Toumani?
Il n'était pas né que j'écoutais déjà la musique de son père!» Puis, traînant le blues de sa voix: «C'était dans les années 60. Le disque s'appelait Cordes Anciennes, il n'y a rien de plus beau au Mali. Lorsque je l'ai entendu, c'était comme" "bon, à partir d'aujourd'hui, je sais ce que j'ai à faire. Je savais qu'un jour, je ferais quelque chose avec la kora.»
Trente ans plus tard, Taj Mahal sort Kulandjan. Le titre du CD est celui d'une chanson de Cordes anciennes, les deux joueurs de kora qui l'accompagnent sont les fils de ceux qui jouaient sur le fameux 33 tours. Trente ans pour faire aboutir un projet, c'est beaucoup comparé aux six mois d'espérance de vie des musiques jetables d'aujourd'hui; c'est peu en regard des trois siècles d'existence du blues, des sept siècles d'existence des classiques de la kora. Juste le temps pour une bonne tambouille de mijoter" «Racines». Celle de Taj Mahal remonte à ses ancêtres de la Caraïbe, ces irréductibles qui vinrent semer la pagaïe dans les rangs des Noirs des Etats-Unis au début du siècle. «Les gens continuent à m'imaginer comme un Afro-Américain sans racines en dehors de l'Amérique. J'ai des racines en dehors de ce pays! Mon grand-père est arrivé de l'île de Saint-Kitts à 19 ans, au tournant du siècle; il était adepte de Marcus Garvey, de sa doctrine du "fais-toi toi-même. Quant à la Caroline du Sud d'où vient ma mère, elle a été colonisée par des Anglais de la Ba