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Libération
Critique

Chicago blues, «Public Housing», un saisissant documentaire signé Wiseman. Public Housing, Film documentaire de Frederick Wiseman.16 mm couleur. 3 h 15.

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publié le 17 novembre 1999 à 1h42

Un supermarché, ses allées, ses chariots et sa profusion de

richesses mercantiles mises à portée de toutes les mains: quelle image plus prosaïquement symbolique de l'american way of life? Dans Public Housing, que Frederic Wiseman a tourné dans les quartiers noirs de Chicago, on trouve un supermarché conforme au modèle type. Sauf qu'il est interdit aux consommateurs. Ses allées sont réservées aux vendeurs, ses étagères au stockage. Les clients eux, s'agglutinent à l'extérieur, derrière un guichet grillagé, lançant leurs demandes de loin, le nez sur la vitre du paradis perdu, le geste maintenu à distance respectable par les précautions antivol" Une scène hallucinante de l'envers des rêves américains, filmée, sans commentaire, par un grand du documentaire hors norme.

Complexité. Après l'hôpital psychiatrique, la caserne, le grand magasin, Wiseman, éternel chroniqueur des institutions américaines, est allé interroger la réalité du logement social à Chicago, «noeud» emblématique de tous les problèmes urbains du pays: affrontements raciaux, drogue, chômage" L'homme de Titicut Follies, de Basic Training et de Near Death, reste, pour ce 31e film, fidèle à ses habitudes: équipe ultra-légère (un assistant, un opérateur pour tenir la caméra et lui-même au son, parce que, dit-il, ce poste «le laisse plus libre de ses regards et de ses décisions»), tournage en 16 mm (à 69 ans il se déclare résolument inapte aux novations de la vidéo), refus de la voix off. Il peut y avoir des séquences cho