Il faut une bonne dose d'abnégation pour s'intéresser en France aux
Super Furry Animals. Ces cinq Gallois, rigoureusement dépourvus de charisme, s'obstinent à donner à chacun de leur passage un concert pire que les précédents et cela sans même parler de leurs albums qui passent de plus en plus inaperçus. Pourtant, aussi désespérantes soient-elles, ces bestioles ne sont pas totalement antipathiques. Pour peu qu'on soit indulgent, leur cocktail de power-pop, mâtinée de glam-rock et habillé d'un fatras d'arrangements synthétiques, peut se révéler attachant. Décousue. Roxy Music, Eno, les Buzzcocks" autant de références évidemment bien trop lourdes pour eux, mais que ce soit She's Got Spices sur le précédent ou Northern Lites sur le plus récent, il y a toujours au moins une très bonne chanson sur les albums des SFA. Entre pop song latino, rock garage, listening-techno et ballades, Guerrilla, leur dernier effort en date, est une collection aussi décousue que naïve. «Nous avons voulu faire un disque éclectique et exaltant. Il n'y a pas de mal à vouloir faire plaisir aux gens.» Cheveux filasses, sourire nigaud, débit engourdi, Gruff Rhys, le chanteur, baragouine dans un anglais à faire passer Liam Gallagher pour un speaker de la BBC: «Les gens ne savent jamais à quoi s'attendre avec nous. Cette identité fluctuante est un peu problématique, mais c'est notre style, finalement. De toutes façons, avant de déconcerter les fans, encore faudrait-il en avoir.» Et quand on l'interroge sur l