Une production abandonne trois cinéastes sur l'île de Kish, une zone
franche du golfe persique. Est-ce une fable industrielle? Donne-t-elle matière à un conte politique? Drôles de questions.
Il n'est déjà pas certain que ces trois histoires courtes rassemblées fassent un film mais plutôt trois objets à la dérive qui, à l'arrivée, se regardent en chiens de faïence. Nos trois cinéastes se sont-ils croisés? Non. S'aiment-ils? On en doute, à voir leurs différences, mais qui sait? Ont-ils fait du cinéma? Presque pas un des trois oui, quand même. A qui ressemblent-ils alors? A une version légèrement modifiée des trois singes de la fable: disons que l'un (Taghvaï) a trop ouvert ses oreilles et écouté l'information jusqu'à s'en rendre malade; le deuxième (Makmalbaf) a oublié de se cacher les yeux et a fini par se regarder filmer, jusqu'à l'écoeurement.
Ermite. Seul le troisième a respecté la figure fabulatrice: il n'a pas parlé, il s'est imaginé Robinson, comme dans le film de Jean-Daniel Pollet. Et, chic, il a réussi son Kish. C'est Abolfazl Jalili. Encore lui. Après Danse avec la poussière et Don (sortis tous deux cette année en France), la Bague est peut-être son film le plus impressionnant, même s'il ne dure que vingt minutes. Il y filme un mec solitaire, ersatz persan du héros de Zabriskie Point d'Antonioni, venu travailler sur l'île et y vivant en ermite de la pêche ainsi que de quelques services ayant rapport à l'essence. Là, il écrit à sa fiancée, quitte sa cabane du bord d