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Libération
Critique

Trois Iraniens dans le même bateau. Seul le film de Jalili se dégage parmi les trois oeuvres réunies dans les «Contes de Kish». Les Contes de Kish, Trois sketches de Nasser Taghvaï, Abolfazl Jalili et Mohsen Makmalbaf, avec Hafez Pakdel, Atefeh Razavi, Hossein Panahi. Durée totale: 1 h 12.

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publié le 17 novembre 1999 à 1h42

Une production abandonne trois cinéastes sur l'île de Kish, une zone

franche du golfe persique. Est-ce une fable industrielle? Donne-t-elle matière à un conte politique? Drôles de questions.

Il n'est déjà pas certain que ces trois histoires courtes rassemblées fassent un film mais plutôt trois objets à la dérive qui, à l'arrivée, se regardent en chiens de faïence. Nos trois cinéastes se sont-ils croisés? Non. S'aiment-ils? On en doute, à voir leurs différences, mais qui sait? Ont-ils fait du cinéma? Presque pas ­ un des trois oui, quand même. A qui ressemblent-ils alors? A une version légèrement modifiée des trois singes de la fable: disons que l'un (Taghvaï) a trop ouvert ses oreilles et écouté l'information jusqu'à s'en rendre malade; le deuxième (Makmalbaf) a oublié de se cacher les yeux et a fini par se regarder filmer, jusqu'à l'écoeurement.

Ermite. Seul le troisième a respecté la figure fabulatrice: il n'a pas parlé, il s'est imaginé Robinson, comme dans le film de Jean-Daniel Pollet. Et, chic, il a réussi son Kish. C'est Abolfazl Jalili. Encore lui. Après Danse avec la poussière et Don (sortis tous deux cette année en France), la Bague est peut-être son film le plus impressionnant, même s'il ne dure que vingt minutes. Il y filme un mec solitaire, ersatz persan du héros de Zabriskie Point d'Antonioni, venu travailler sur l'île et y vivant en ermite de la pêche ainsi que de quelques services ayant rapport à l'essence. Là, il écrit à sa fiancée, quitte sa cabane du bord d