Abonné aux tragédies grecques et au théâtre politique de Brecht,
Jean-Claude Fall a eu la surprenante idée de s'intéresser à Tennessee Williams, dont on ne fait plus grand cas depuis l'Actor's Studio, si ce n'est dans le registre du boulevard. Après oedipe et l'Opéra de Quat'sous, le directeur du théâtre des Treize-Vents signe donc sa troisième création à Montpellier, avec deux textes jumeaux de l'auteur américain, jusque-là inédits en français et traduits pour l'occasion avec Stuart Seide.
Parle-moi comme la pluie et laisse-moi écouter, écrit vers 1940, et Je ne peux imaginer demain, une vingtaine d'années plus tard, résonnent comme deux variations sur le thème du couple en crise. Chacune met en scène un homme et une femme isolés du monde dans une incompréhension qui les conduit à la destruction. En robe de chambre. Ramassées en un court acte, ces deux pièces sont archétypales de ces huis clos psychologiques propres à Tennessee Williams et à Edward Albee (Qui a peur de Virginia Woolf?), où les femmes errent toute la journée en robe de chambre défraîchie, pleines d'alcool, de tranquillisants et de détestation pour leur pitoyables maris.
Dans ce jeu douloureux de la folie, particulièrement poussé dans Je ne peux imaginer demain, Jany Gastaldi, longtemps actrice chez Vitez, n'est pas sans rappeler la grande Vivian Leigh dans l'inoubliable Un tramway nommé désir d'Elia Kazan. Les autres, Christel Touret dans ses postures d'ange déchu, Jean-Marc Eder et Fouad Dekkiche en impuissan