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Libération
Critique

... au Paris évanescent d'Atget.

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Le musée Carnavalet réunit Eugène Atget et Berenice Abbott: un Français épris du vieux Paris bousculé par Haussmann, et une Américaine amoureuse du New York des années 30. Rencontre inter-Atlantique entre un photographe archiviste du passé et une apprentie moderniste du XXe siècle.
publié le 29 novembre 1999 à 1h31

Au musée Carnavalet, le Français Eugène Atget (1857-1927) tient donc compagnie à celle qui permit sa gloire outre-Atlantique, l'Américaine Berenice Abbott (1898-1991). Flash-back" Chez Man Ray, amateur d'étrangetés et alors voisin d'Atget (ils habitent tous deux rue Campagne-Première, près de Montparnasse, à Paris), la jeune Abbott découvre des tirages de ce vieux photographe, puis le rencontre probablement en 1925, deux ans avant sa disparition. Mais l'ex-assistante de Man Ray aura eu le temps de portraiturer Atget ­ il ressemble à un arbre, sublime ­ et d'apprécier la qualité de ce travail sans équivalent. Résultat: elle achète 1 400 négatifs et 7 800 tirages à André Calmettes, l'homme chargé de la succession (elle les léguera au Museum of Modern Art, en 1968), et ne cessera de faire connaître ce photographe mystérieux longtemps considéré comme un ovni dans son propre pays quand les Américains en étaient fous d'amour. Le sujet d'une vie. Courtoisie oblige, Berenice Abbott et son New York en apesanteur (lire ci-contre) précèdent Atget et son Paris post-haussmannien. Itinéraires parisiens révèle «un photographe en trois dimensions», comme l'indique David Harris, commissaire canadien de cette exposition attachante, construite avec la complicité de Françoise Reynaud, conservateur à Carnavalet et amateur de la première heure (1). David Harris: «C'est un homme très chanceux. Il a très tôt trouvé son sujet et il a pu le développer. Il était suffisamment vaste pour l'occuper toute