Il y a encore quelques mois, Jean-François Heisser, valeur sûre du
piano français de ces vingt dernières années, semblait oublié. Victime du jeunisme des directeurs artistiques et de l'indifférence des médias français pour les musiciens n'ayant rien d'autre à vendre que leur excellence professionnelle. Heisser est à cet égard un modèle de musicien patiemment formé. Tout le contraire d'un enfant prodige, qui apprit fort tôt le piano, à 6 ans, pour pouvoir accompagner son père violoniste amateur dans les Sonates de Beethoven et Mozart, et non par vocation. Né à Saint-Etienne en 1950, Jean-François Heisser y poursuit des études normales jusqu'au bac, au point d'accuser un retard par rapport aux musiciens de sa génération qui vont compter, lorsqu'il se présente à 18 ans au Conservatoire de Paris. Cela n'empêche pas les premiers prix de s'amonceler, mais n'aide ni à faire une grande carrière, ni à s'imposer auprès du grand public comme un Jean-Yves Thibaudet. Introverti, pointilliste, Heisser est de surcroît tout le contraire d'une bête de scène. On imagine en le voyant un son à la Guilels. Mais quand il se met au piano, c'est une idée très raffinée et construite des oeuvres qui surgit, comme en témoignent cette semaine deux CD Beethoven, première livraison de la division classique de Naïve, le nouveau label de Patrick Zelnick, ex-patron historique du label pop Virgin. Répétant actuellement le programme Beethoven qu'il donnera mercredi à Gaveau, Jean-François Heisser s'interrompai