Murs blancs et miroirs, cloisons abattues, déco minimum, trois
grandes télés déversent leurs images en silence. Lionel Florence, maître des lieux, travaille sur un bureau en brique de verre qu'il a lui-même construit. Ancien professeur de dessin, il a gardé un immense collage de photomatons de ses élèves. Sous les yeux de cette foule adolescente, il a écrit Lucie pour Obispo, Savoir aimer pour Pagny, Vivre pour le meilleur pour Hallyday père et Tu ne m'as pas laissé le temps pour le fils, David. En tout, près de cinq millions de singles vendus en moins de cinq ans. Pas cynique pour deux sous, l'auteur Florence ressemble à son écriture: clarté, simplicité, bonne volonté. La Mercedes en plus.
A 20 ans (il en a aujourd'hui 41), Florence peignait. Jouait vaguement sur un piano acheté aux Emmaüs. Sa soeur, échappée du giron familial, l'avait laissé comme «pris au piège» face aux parents. Comme elle, il quitte bientôt Metz, sa mère au foyer et son père cadre commercial. Il veut la liberté, la solitude et les quatre cents coups. Paris l'attend pour ça. En 1986, il sort un 45-tours sous son nom (Ma baby-sitter). Deux autres tentatives suivront, sans succès ni regrets. «Heureusement que ma reconnaissance a tardé. A vingt ans, je ne sais pas comment je l'aurais vécue.» L'homme ne croit pas au hasard. En 1994, à l'hôpital Bichat, il est bénévole à La Plage, une association de lutte contre le sida. Ayant entendu parler du projet caritatif Entre sourire et larmes, il propose des textes.