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Libération

Tendances intérieurs. Sans mobilier apparent.

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Furtifs, discrets, transparents: les meubles se font sérieusement remettre à leur place par quelques designers. De légers déplacements et de nouveaux pactes avec les objets.
publié le 4 décembre 1999 à 2h10

Dans les grands magasins, l'ex-créateur totémique des années 80, Philippe Starck, épris d'humilité, empile ses Docteur Glob, des chaises transparentes, de façon à ce qu'elles soient le plus invisible possible. Est-ce le message d'un des ultimes objets du deuxième millénaire? Car les choses, en cette fin d'année 1999, sont sommées de raconter, telle une boîte noire, la saga du XXe siècle. L'histoire finit bien et le bilan s'impose: le design est «à la mode» en France. Des écoles très vivantes, une biennale (à Saint-Etienne) et un Salon du meuble en expansion sont les preuves évidentes de l'ouverture industrielle et individuelle des esprits à l'égard d'une discipline longtemps considérée comme une vertu italienne. Toute une nouvelle génération de designers fourmille et réinterroge les desseins de l'habitat et de l'art de vivre. Parmi eux, quatre acteurs expliquent comment ils remettent les meubles à leur place, assis devant leurs tables de simplification. De très légers petits déplacements qui permettent de dépasser le minimalisme 90.

Martin Szekely. En juin, au cours d'un dîner avec quelques amis, le designer Martin Szekely (43 ans) décortiquait sa dernière création: «Un contenant irréductible, pendant du corps.» Autrement dit, une armoire. Et cet ex-monsieur Pi (du nom de la chaise longue noire qu'il «sculpta» en 1983) d'expliquer comment ce meuble était né «sans dessin» mais du «simple pliage d'une plaque d'alucobon» (stratifié d'aluminium), sans mécanique m