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Critique

Théâtre. Un vaudeville grinçant de Villiers de L'Isle-Adam à Grenoble. Révoltez-vous. La Révolte. De Villiers de L'Isle-Adam. Travail avec les acteurs de Chantal Morel. Le Petit 38. 38, rue Saint-Laurent. Grenoble. Réservation indispensable au 04 76 54 12 30. Jusqu'au 18 décembre.

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publié le 11 décembre 1999 à 2h04

On entre en douceur dans la Révolte de Villiers de L'Isle-Adam,

poète visionnaire et ami de Mallarmé, présentée pour la première fois le 6 mai 1870 à Paris au théâtre du Vaudeville. Ce drame entre deux, devenu manifeste des Parnassiens, n'a tenu que quatre soirs l'affiche sur une scène où les grands noms s'appelaient Scribe et Emile Augier, purs produits de «la Machine à gloire», tacticiens de la «claque» (voir encadré), et dont la postérité a oublié les soties caressant servilement les ersatz de pensée d'une bourgeoisie confite en certitudes.

On y entre en douceur, parce que le Petit 38 à Grenoble, dont l'âme s'appelle Chantal Morel, n'est pas un lieu commun. Il est situé dans une ruelle non loin des grondements de l'Isère, il y fait bon, la table est vaste, le vin et le thé coulent à flots. On s'assied sur des bancs ou de vieux fauteuils, on entame des conversations avec des inconnus, on consulte des coupures de journaux qui parlent non de l'actualité du spectacle mais du sort d'Abu Jamal, citoyen américain enfermé depuis 18 ans dans un couloir de la mort pour un crime qu'il n'a pas commis et dont l'exécution, prévue le 8 décembre, a été pour la énième fois reportée. Non parce que la justice fédérale aurait reconnu son erreur, mais pour un énième vice de forme. On peut signer ici des pétitions envoyées à William Jefferson Clinton, président d'un pays si miséricordieux qu'il frappe sur ses milliards de milliards de dollars la devise «In God We Trust».

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