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Libération
Critique

25 noeuds à l'heure. Docu malsain sur Annabel Chong, actrice porno, qui, en guise de thérapie, a accueilli 251 partenaires en dix heures. Sex: The Annabel Chong Story, de Gough Lewis, avec Grace Queck, Ron Jeremy. 1 h 25.

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publié le 15 décembre 1999 à 2h01

Annabel Chong, sino-porn star émérite, a campé le rôle d'un isoloir

humain lors d'un gang bang décadent où elle se livra, dix heures durant, le 19 janvier 1995, aux assauts de 251 gros partis (dont celui du cultissime Ron Jeremy, tout de boule et de poils). Sans qu'une seconde cela puisse être innocent, ce documentaire d'investigation dans la conscience de la jeune fille commence sur une image enregistrée lors du Jerry Springer Show, talk-show ricaneur. Visiblement raide (haschisch et chong?), Annabel Chong est exhibée en monstre de foire (le porno, dernier cirque moderne). Et la caméra nous place du côté des rieurs.

Cassettes. C'est que la télévision n'entretient aucun rapport, même protégé, avec le désir. On ne désire pas regarder la télé. A peine lui confie-t-on du bout des doigts notre motivation absente. Le désir est ailleurs. Dans le porno par exemple, pris à pleine pogne. La télé, alors, se venge et dénonce, c'est son lot de consolation. Pendant ce temps, voir un porno console.

Méprisable comme cette téloche vieille fille qui ne sait rien montrer, le réalisateur Cough Lewis déshabille Mademoiselle Chong ­ Grace Queck pour l'état civil ­ et son industrie devant ces spectateurs. Lesquels hocheront ou branleront du chef devant la vulgarité des actrices névrosées, des hardeurs criminels qui niquent sans capote, des producteurs qui l'auront deux fois baisée (elle n'a jamais été payée pour ce qui restera un franc succès), des réalisateurs qui ont de l'eau salée à la place de l