Début juillet 1940, deux semaines après l'entrée des troupes
allemandes dans Paris, deux émissaires de Goering entrent dans la galerie Arnold Seligmann, place Vendôme, et y saisissent cinq tableaux et douze tapisseries. Il aura fallu cinquante-neuf ans pour que les musées de France parviennent à identifier certaines de ces oeuvres, et les rendent à la famille de la victime du vol. Les deux Allemands étaient en effet assistés d'un commissaire français. Il y a quelques mois, la préfecture de police retrouve par hasard les descriptifs de ces confiscations. Cette découverte permet aujourd'hui à l'Etat d'annoncer la plus importante depuis quarante-cinq ans des restitutions d'oeuvres d'art mises en garde auprès des musées: treize oeuvres, dont quelques primitifs importants, conservées au Louvre. Retrouvées après la guerre entre autres dans les collections de Goering, elles provenaient de quatre galeries pillées en 1940: trois appartenant à la famille Seligmann et celle de Jacques Bacri. Jean-Arnold Seligmann, qui tenait la galerie de la place Vendôme, fait partie des résistants fusillés en 1941 au mont Valérien. Sa famille était particulièrement exposée, par sa notoriété mais aussi parce qu'elle vendait des oeuvres anciennes dont les nazis, allergiques à l'art moderne, étaient particulièrement demandeurs.
Vente en janvier. Les héritiers de Jean-Arnold Seligmann doivent ainsi récupérer une Arrestation du Christ, peinture flamande du XVIe siècle, un Saint Michel et un Saint Françoi