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Libération

Le cinéma parlant. Revue à pas lents.

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publié le 15 décembre 1999 à 2h01

Les nouveaux magazines de cinéma hésitent généralement entre deux

genres: d'une part, le fanzine sympathique où le yau-de-poêle le dispute à l'exhibition frénétique, voire masturbatoire, d'un vocabulaire d'époque. D'autre part, nettement moins désirable mais lui aussi d'époque, le dossier de presse à peine maquillé en revue où les proclamations réitérées d'indépendance sont d'autant plus plaisantes. L'Image, le monde est une nouvelle revue (1) qui affirme dès sa couverture sa légère nuance en précisant qu'elle est une revue «en cinéma». En cinéma comme on dit en route, en voiture Simone, en avant la musique. Ce que développe Patrick Leboutte, grand sachem de cette entreprise, qu'on connaissait amateur éclairé de bicyclette et qui semble s'être mis dorénavant à la marche à pied, «art de la lenteur», c'est-à-dire un exercice du regard, de l'enregistrement et de la transmission qui en rappelle un autre plus connu sous le nom de cinéma. Ce «hâte-toi lentement» n'est pas un oukase théorique.

A chaque pas de l'Image, le monde s'ouvrent les fenêtres d'une collection de vagabondages. Et comme la marche à pied permet de revenir sur ses pas pour peu qu'on ait remarqué un impromptu sur le bas-côté, une quinzaine des premières pages sont consacrées à Rosetta, aux Dardenne brothers, à leur ville d'attache (Seraing) racontée sur un carnet d'images insignifiantes.

C'est une belle preuve réussie puisqu'on croyait, sur Rosetta, avoir tout lu, tout compris. Pour l'exemple ce beau remue-ménage