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Libération
Critique

Un héros mal assis. Fable politique divine de l'Indien Murali Nair. Où la peine de mort fait d'un pauvre paysan le martyr de son village. Le Trône de la mort, de Murali Nair, avec Lakshmi Raman, Vishwas Njarakkal. 1 h 01.

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publié le 15 décembre 1999 à 2h01

L'information vient de tomber sur le prompteur: le Père Ubu vit

réfugié au Kerala, Etat indien gouverné par des communistes. Ses armes ont changé: fini l'enfoncement de bouts de bois dans les oreilles, ouste! l'extraction de la cervelle par les talons, goodbye l'ouverture de la vessie natatoire, Ubu est désormais un roi moderne dans un monde merveilleusement mondialisé. Ubu aujourd'hui milite pour un trépas civilisé. Il s'est fait offrir par la banque mondiale une chaise électronique avec télécommande à distance, un trône délivrant une mort douce. Fabriqué aux Etats-Unis, il sera bientôt mis à la disposition de chaque village indien. Et le film de Murali Nair n'en fait pas l'article. Ubu n'aime pas Murali Nair. Nous, si.

Lac moustiqueux. Si l'on prenait notre plus belle voix de parent d'élève pour vous dire que le Trône de la mort (Caméra d'or à Cannes) est une fable politique divinement filmée par un jeune réalisateur bressonien, vous fuiriez immédiatement pour achever le siècle loin de ça, que vous imaginez déjà plein d'ennui et de condescendance auteuriste.

Qui pourrait vous jeter la pierre? Combien de candidats pour une séance d'abandon dans un silence troublé par les clapotis d'un lac moustiqueux?

Qui encore pour aimer des images au plus près des corps décharnés de paysans appauvris mais fiers, reliés au monde par une simple radio distillant des informations sur le Kosovo entre deux tubes tandoori («Je tisserai des guirlandes de larmes», etc.)?

Noix de coco volée. Tout cel