New York, envoyé spécial.
De mémoire d'amateur d'art, on n'avait jamais vu ça. Plusieurs centaines d'experts, d'historiens, de peintres, de conservateurs et de galeristes venus de San Francisco, de Singapour, de Kyoto, de Pékin ou de Paris s'entassaient samedi dans un amphithéâtre du prestigieux Metropolitan Museum of Art de New York pour le «procès artistique du siècle». Une peinture sur soie monumentale, Au bord de la rivière, attribuée à Dong Yuan, maître de la période dite des Cinq Dynasties (Xe siècle), et exposée depuis 1997 au «Met» y était à la fois le corps du délit et la principale pièce à conviction. «Procureurs» et «avocats» devaient convaincre le jury c'est-à-dire le public, à travers les journalistes, les universitaires, les collectionneurs et les amoureux de la peinture traditionnelle chinoise de l'une des deux thèses qui s'affrontent autour de ce rouleau de soie de plus de deux mètres de haut, qui dépeint l'approche d'un orage dans un paysage de montagnes tourmenté du sud de la Chine. L'histoire de ce tableau est un polar de l'art, l'un de ces casse-tête chinois que le célèbre juge Ti des romans de Robert Van Gulik aurait aimé élucider.
Controverse. Pour les uns, c'est «la peinture la plus importante de l'histoire de l'art chinois», une sorte de pendant oriental de la Joconde, comme l'a réaffirmé C.C. Wang, le grand peintre et collectionneur qui posséda la toile avant qu'elle soit acquise par le «Met». Pour les autres, Au bord de la rivière n'est qu'un faux