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Libération
Critique

Arias de coeur. Le metteur en scène argentin livre un bijou de féerie avec les «Peines de coeur d'une chatte française». Peines de coeur d'une chatte française, d'après P. J. Stahl, m.s. et adaptation d'Alfredo Arias et René de Ceccatty, avec Marilú Marini, MC93 à Bobigny (01 41 60 72 72), Durée: 2 heures avec entracte,du mardi au samedi 20 h 30, dimanche 16 h. Jusqu'au 29 janvier.

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publié le 18 décembre 1999 à 2h24

«J'aurais mieux fait/De continuer/A me contenter/De mes amis/ D'une

seule nuit/C'est sans façons/ Mais c'est plus sûr/Tant pis pour l'amour/On souffre moins/Ne pas aimer/ C'est aussi ne jamais/Pleurer d'amour"», scande attendrie la chantante Lily, grosse chatte des gouttières qui retient ses larmes face à trois autres chattes hilares, ses compagnes du trottoir, qui l'avaient prévenue. Un chat de la haute" c'était risqué. Il est parti, a disparu, l'a plaquée, son Brisquet. Pourtant, «lui, c'était autre chose», se souvient Lily: il n'était pas du genre matou a faire machinalement des mamours, à renforts de sardines: «Lui, c'était du verbe.»

Grâce. Les chattes de joie sont rigolotes, qui aux rupins peuvent préférer les poètes. Et si lesdits poètes s'avèrent de surcroît un brin rupins à leurs yeux, elles croient rêver. Pauvre Lily-péripatéticienne, son Brisquet s'est volatilisé parce que, justement, une autre qu'elle, moins massive, plus fraîche et qui s'appelle Minette, est tombée sous le charme du volage. Elle a quitté son pauvre grenier, a laissé derrière elle sa mère, l'accorte et délirante Madame Léon, une lucide celle-là; elle a largué du même élan sur les toits d'ardoise sa soeur Bébé, fiancée à un gardien de la paix au doux nom de Fanfounet, et aux grandes oreilles tombantes de caniche en uniforme: un brave.

Il y a vingt-deux ans, lorsque le surprenant metteur en scène Alfredo Arias adapta la nouvelle de Balzac Peines de coeur d'une chatte anglaise, l'héroïne féline avait