La nuit tombée, des milliers de rollers se rassemblent devant le
grand écran de la place d'Italie, à Paris. Quelques mouvements crispés, fesses contractées et genoux tremblotants pour les uns, petites accélérations en rythme puis demi-tour croisé suivi d'un dérapage contrôlé pour les autres. Comme chaque vendredi soir, ils sont plus de dix mille. A 22 heures, la randonnée «Paris-roller» s'élance. Pour quelques heures, la ville leur appartient: rien ne résiste au flot ininterrompu de patineurs. Les automobilistes, coincés plus de trois quarts d'heure dans leurs voitures, n'ont qu'à prendre leur mal en patience. Cette randonnée, qui a débuté de façon sauvage il y a cinq ans, ne doit son caractère légal aujourd'hui qu'à son succès massif. Trois catégories d'adeptes. Les Français ont découvert le roller par nécessité, pendant les grèves de 1995. Soit plus de dix ans après les Américains. «Grâce au roller en ligne, l'activité est devenue très accessible», note Olivier Husson, le gérant de Nomades (1), un magasin spécialisé. La technique est plus facile qu'en «quads» (patins à roulettes traditionnels) et le mouvement est plus agréable. «Les roues sont molles, elles absorbent les frottements, ce qui permet de rouler sur des surfaces rugueuses. La rigidité du chausson tient la cheville, on se sent plus en sécurité.» A priori, le roller est un sport individuel. Mais qui se pratique en groupe. Partout, à tout âge, en couple ou en famille. Les adeptes du roller se partagent en trois c