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Portrait

Washington décès. Friand de cocktail soul-jazz, le saxophoniste Grover Washington Jr. est mort à 56 ans.

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publié le 20 décembre 1999 à 2h23

Pour la plupart des membres de la grande tribu jazzy, Grover

Washington Jr. était un renégat. Un déviant, perverti par les comptables de la soap-soul et de l'abominable fusion funky. Un souffleur d'autoroute, un compositeur liftier, l'un des fondateurs de cette niaiseuse catégorie musicale baptisée contemporary jazz (variante: smooth jazz), tellement en vogue aux Etats-Unis.

Polysaxophoniste (alto, ténor, soprano, baryton), mais aussi clarinettiste, pianiste et bassiste électrique, Grover Washington Jr., né à Buffalo, Etat de New York, le 12 décembre 1943, possédait en effet tous les atouts pour devenir un géant du jazz. Y compris un environnement familial motivant, puisque son père et son oncle étaient saxmaniaques, et que sa mère vocalisait très correctement; tandis que son frère multipliait les acrobaties rythmiques à la batterie. Car chez les Washington, l'apprentissage de la musique constituait une priorité. Tout comme il expliquait la fréquence des déménagements de leurs voisins, peu portés sur l'exposé répétitif des riffs de Koko ou d'Ornithology.

Adolescent, le jeune Grover, qui se débrouille déjà au piano, se voit ainsi enfin accorder l'autorisation d'essayer le saxophone paternel. Mentalement, il est prêt, à force d'user les vinyles de Coleman Hawkins, Don Byas, Dexter Gordon, Wardell Gray, Sonny Rollins et surtout Gerry Mulligan, l'un de ses préférés. Quelques mois plus tard, il impose donc sa maîtrise précoce du baryton dans diverses formations scolaires, essentiel