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Libération

Joe Higgs, paix au reggae. Le chanteur jamaïcain est mort samedi.

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publié le 22 décembre 1999 à 2h21

Joe Higgs, qu'on appelait «le père du reggae», est mort d'un cancer

samedi dernier à Los Angeles, à l'âge de 59 ans. En 1960, alors qu'il résidait au tristement célèbre ghetto de Trenchtown, à Kingston, il fut l'un des premiers artistes jamaïcains à enregistrer un 45 tours, en duo avec Roy Wilson. Le disque fit un «tube», même si l'on peut considérer comme peu vraisemblables les 50 000 exemplaires annoncés par le producteur, Edward Seaga (futur Premier ministre de la Jamaïque): le ghetto, à qui était destinée la chanson, n'avait pas l'électricité et encore moins de phonographes" Mais dès 1964, année d'invention du mot «ska», l'industrie musicale jamaïcaine avait pris son essor, et lorsque There's a Reward for Me sort, sur le fameux label Studio One, la chanson devient un hymne des déshérités. Joe Higgs enregistrera quelque soixante-dix chansons au cours des années, et quelques albums (Life of Contradiction en 1975, Unity is Power en 1979, Black Man know Yourself en 1990"). Mais son titre de «père du reggae», c'est ailleurs qu'il l'a gagné: en enseignant le chant à Bob Marley. Harmonies douloureuses. Lorsque Bob vient s'installer à Second Street à la fin des années 50, Joe Higgs vient de faire son premier tube et rayonne de la gloire soudaine d'un enfant du ghetto qui a réussi. A vingt ans, Higgs fait figure d'ancien aux yeux de Marley, qui n'en a que quatorze. Sa cour ne désemplit pas de gamins admiratifs à qui il enseigne les techniques de l'harmonie vocale. Outre Bob Marle