Après son coup d'envoi aux couleurs de l'Ethiopie et de l'Erythrée,
et avant sa nuit de Noël mandingue, marquée cette année par les visites du J.J. Cale des buvettes maliennes, Lobi Traoré, et de l'organiste inspiré Cheik Tidiane Seck, la deuxième soirée d'Africolor est un hommage aux vibrations de l'océan Indien.
Hors du temps. Comme celles des timbres étonnants du trio Senge de Madagascar, fondé par un ancien du groupe a cappella Salala, ou de Soubi, chanteur du ndzendze des Comores. C'est un rythme sauvage comme la liberté, lancinant comme une vieille douleur, calmant comme l'extase. Cela s'appelle le maloya et vient de la Réunion, l'ex-île Bourbon. Le maloya a été longtemps interdit pour «tapage nocturne», comme le prétextait l'administration réunionnaise à propos de ce bal patrimonial des ouvriers agricoles. Le maloya est une frappe de peau à l'africaine, descendante d'esclaves africains. Ses vieux héros toujours vaillants s'appellent Lo Rwa Kaf, Firmin Viry ou Granmoun Lélé. Le sang du continent sombre coule dans leurs veines. Danyel Waro est leur cadet, blanc, blond frisé, à demi imberbe, la moustache en friche. Il a 44 ans et livre un chant qui semble hors du temps et une musique contemporaine, alors qu'elle est sans âge, dans un nouvel album têtu, insolitement primé par l'Académie Charles Cros.
Danyel Waro est connu pour son refus du business musical: «On dit que je refusais d'enregistrer, de voyager. En fait, je n'étais pas prêt. Je remarque que je peux mieux danser