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Libération

New york creuse ses galeries Les lieux de vente changent de quartier et se font le plus discrets possible.

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publié le 25 décembre 1999 à 2h19

New York envoyé spécial

Depuis quelque temps, certaines galeries new-yorkaises obéissent à une nouvelle règle non écrite, a priori assez curieuse. Plus leur ambition est grande et moins on les voit. Foin des vitrines tapageuses, des affiches racoleuses, des enseignes lumineuses. La tendance est à l'extrême sobriété. La valeur ne s'exhibe plus, ça fait nouveau riche. Quand les oeuvres voient leur cote grimper, elles sont immédiatement saisies par le réflexe de la dissimulation. Ainsi le sens même de galerie (magasin où sont exposés des objets d'art en vue de la vente) glisse-t-il insidieusement vers son acception troglodyte de passage secret visant à se protéger de la curiosité. Que les trésors qui y sont recélés soient authentiques ou simplement promis à une hypothétique spéculation importe peu. A la différence des musées qui rameutent les populations vers leurs expositions et leurs inévitables boutiques, la galerie d'art, elle, s'emploie à brouiller les pistes (mais pas complètement, quand même) pour trier le bon grain de l'ivraie, c'est-à-dire le collectionneur lucratif du simple amateur.

Territoires en friche. Il y a environ trois ans, le mystérieux mouvement endémique des galeries de Manhattan s'est porté vers le quartier de Chelsea. Attirés en partie par la prestigieuse fondation DIA installée dans la 22e rue, quelques commerces huppés ont commencé à convoiter ces territoires quasiment en friche. A l'époque, les rues se trouvaient dans un état peu engageant, les garages