Sur Broadway, le Beacon Theater est un délire de décorateur shooté
aux péplums de Cinecittà. La déco grandiloquente dédiée à l'antiquité gréco-romaine tranche avec le public mobilisé par Sting, trentenaire tassé, intello alternatif, blanc, fans tranquilles de gentleman Sting déboursant l'équivalent de 720 francs pour occuper l'un des deux mille fauteuils du Beacon. Au lieu d'un seul mégameeting dans une salle gigantesque, l'ancien chef de Police donne quatre concerts plutôt intimes à New York. Les New-Yorkais l'en remercient: c'est complet chaque soir. Ils connaissent déjà les refrains du dernier album. Brand New Day est le dernier album d'une star si antistar qu'elle passe quelques minutes avant le show prendre des nouvelles de son nouvel acolyte, Cheb Mami. L'antistar est en pull informe de jardinage, pantalon sombre à soufflets et chaussures de terrassier (un de ses anciens métiers), comme s'il venait de réparer le vélo de sa petite dernière. Pour le spectacle, Sting enfile un cuir collé à la peau, misant tout sur la musique, un peu la même depuis ce premier album solo de 1985, The Dream Of The Blue Turtles, et toujours cette voix de tête de griot blanc, qui fait de lui l'une des très rares vedettes planétaires reconnaissable à son timbre.
Marqué par un duo inattendu avec Cheb Mami (Desert Rose, qui sort actuellement en single tubesque, le nouveau disque, «Un tout nouveau jour», est du Sting toujours, toujours un peu nouveau: raï, bien sûr, et rap français aussi (avec Sté