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Libération

La culture du navet. Cette semaine: «la Muse» (d'Albert BROOKS).

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par BAYON
publié le 29 décembre 1999 à 2h16

«Qu'est-ce qu'un navet?» Il n'y a pas de réponse à cette question,

mais des exemples, comme la Muse. L'argument semble repris du film Droit dans le mur, de Pierre Richard, qui jouait avec le feu en ironisant sur un scénariste largué et fit un four. La Muse reconduit ce thème; le traitement même évoque le parti qu'en tiraient les premières scènes du modèle français 1997. Un Pierre Richard local, joué par Albert Brooks (tout le contraire du grand blond dégarni: un brun courtaud et velu), se croyant au top, se fait renvoyer son nouveau script à la figure, accompagné de gracieusetés sur le thème: «Tu devrais décrocher, t'es fini.» Pour le procès en plagiat plaidable, avertissons que la suite n'a plus rien à voir avec Droit dans le mur.

La suite à la Woody Allen, c'est Sharon Stone. Bizarrement grosse (dix kilos de surcharge pondérale par rapport à Gloria), maquillée à la truelle et coiffée au râteau, attifée comme une Folle de Chaillot vaguement voûtée, elle laisse planer au bout la menace d'un virage Liz Taylor, directement passée de l'adolescence attardée à la retraite anticipée. Son rôle est au diapason déjanté: tenant de la psy à l'américaine et de la voyante de roulotte, mâtinée de mondaine croqueuse de diamants, Sarah surgit, dans le complexe d'échec du héros, comme un recours inespéré, magique. Cela peut sembler incroyable, mais cette femme est muse, au sens mythologique; celle qui inspire, qui donne ou rend l'inspiration; la Muse.

Tout le reste est littérature dialoguée et