Pierre Clémenti est mort lundi à l'hôpital Cochin de Paris des
suites d'un cancer du foie. Il avait 57 ans (1). Figure solaire et ascétique, ne concevant l'art que sous l'angle du plus impitoyable radicalisme, il aura été l'un des héros les plus charismatique de la contre-culture des années 60 à aujourd'hui. Dirigé par les plus grands, tels Luchino Visconti (le Guépard), Luis Buñuel (Belle de jour, la Voie lactée), Pier Paolo Pasolini (Porcherie), Glauber Rocha (Tête coupées), Bernardo Bertolucci (Partner) Philippe Garrel (le Lit de la vierge, la Cicatrice intérieure), Jacques Rivette (le Pont du Nord) ou João C. Monteiro (Le Bassin de John Wayne), il opère à lui seul la jonction exacte entre quelques fragments d'un cinéma qu'il travaillait toujours par sa seule présence maléfique à rendre parallèle ou underground. Ses amis en témoignent, c'était quelqu'un de courageux jusqu'à l'inconscience, farouchement indépendant, brûlé par sa condition d'acteur, à l'instar d'un Jean-Pierre Léaud ou d'un Lou Castel. Formé à l'American Center de Marc'O, il invente un jeu dansé, entre théâtre (Artaud) et chorégraphie (Nijinski), un jeu hallucinatoire même quand il doit incarner des personnages réalistes et qui fait vaciller la géométrie des plans. Avec lui, astre border line, on a toujours l'impression qu'il va se passer quelque chose de dangereux et d'imprévu à l'intérieur même des limites imposées par la mise en scène. «J'aime Pierre Clémenti à cause de ses improvisations fulgurantes mai