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Libération

Le siècle au grenier. A Nantes, 10 000 objets vont être scellés dans un entrepôt. Réouverture: le 1er janvier 2100. Le «Grenier du siècle» est le clou du festival Fin de siècle, qui investit l'an-cienne usine Lu, rebap-tisée Lieu unique. Nantes, Lieu unique, jusqu'au 1er janvier. Tél.: 02 40 12 14 34. Programme page 38.

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publié le 31 décembre 1999 à 2h14

Voilà trois ans que Nantes célèbre sa «Fin de siècle», du nom du

festival lancé en 1997 par l'équipe de Jean Blaise, après six années d'«Allumées» qui jumelèrent Nantes avec des cités culturelles du monde entier. Pour l'an 2000, la ville des petits-beurre réinvestit l'usine Lefèvre-Utile, renommée «Lieu unique» après avoir été remaniée par Patrick Bouchain. L'architecte a géré en parallèle les semaines de retard de son chantier nantais et son enfilade de onze grandes roues pour le réveillon parisien des Champs-Elysées.

A Nantes, l'ancienne manufacture de biscuits bordant le canal Saint-Félix s'ouvrira sur une fermeture, celle du «Grenier du siècle». Sanctuaire des mémoires individuelles, ce grenier est conçu comme un mont-de-piété désintéressé et poétique pour objets emblématiques ou intimes, enfermés dans des boîtes de conserve et promis à un siècle de repos, avant la réouverture, le 1er janvier 2100. On escomptait 15 000 dépôts. Un tiers manquera à l'appel, mais la collecte aura été aussi disparate que large, dépassant les gestes d'artistes et de coutumiers de la culture. Séduit, un public populaire est venu déposer son souvenir personnel, lié à des cicatrices familières ou associé au siècle. Le tout formant une sorte d'immense journal intime mêlant dérision et grandiloquence, déballages et confidences, legs minuscules aux générations futures et coups de gueule individuels. Rognures d'ongles. Les greffiers de ce grenier hétéroclite ont ainsi enregistré une «robe de pétasse»