Menu
Libération
Interview

August Ruhs, psychanalyste. «Le conservatisme pousse à créer»Musée Sammlung Essl Aufeldstrasse 17-23, 3400 Klosterneuburg. Tél. (43) 2243 410 623. http://sammlung-essl.at. L'exposition «The First View», jusqu'en novembre 2000.

Article réservé aux abonnés
publié le 4 janvier 2000 à 22h10

Psychiatre et psychanalyste, August Ruhs est vice-directeur de la

Clinique de la psychologie des profondeurs du CHU de Vienne. Il a publié de nombreux textes sur l'art et la psychanalyse.

Quelle est la situation de l'art contemporain en Autriche?

Il y a ici un manque d'intérêt pour l'art contemporain, qui tient certainement au conservatisme profond des Autrichiens. Ce conservatisme-même pousse cependant beaucoup de gens à agir, à créer contre. On trouve ainsi de nombreux artistes qui ont cette force d'écrire, de peindre ou de dessiner contre l'Autriche, et produisent des choses magnifiques et d'avant-garde. Comme Thomas Bernhard en littérature ou, dans les arts plastiques, le groupe de l'activisme viennois.

Comment analysez-vous cette dernière école?

Il représente la contribution autrichienne aux révoltes de 68. La grande contestation politique que la France ou l'Allemagne a connue s'est limitée, chez nous, à une action artistique à l'université de Vienne. En dehors de cela, il n'y a eu presque aucune manifestation de rue. Toute l'ardeur révolutionnaire s'est épuisée dans cette provocation. Ce qui est encore un cas de refus du conflit direct. C'est pourquoi il faut relativiser le caractère violent de l'activisme viennois: c'était quelque chose de très modeste, presque bon enfant.

En revanche, la réaction de la société autrichienne a été très violente, obligeant Nitsch et Brus à fuir leur pays" En effet, mais est-ce bien différent des autres pays? Cette réaction fait partie de la t