Summer of Sam constitue une drôle de gageure pour Spike Lee. Le
porte-parole cinématographique de la communauté noire américaine, qui il y a peu allait jusqu'à se faire le relais officiel des revendications du leader extrémiste Louis Farrakhan (Get on the Bus), a réalisé son premier film quasiment dépourvu de personnages noirs.
Summer of Sam ressuscite l'été 1978 à New York, à la façon d'un period-movie dans la lignée de Boogie Nights (bande-son gavée de tubes, gros boulots de documentation sur les us et coutumes vestimentaires d'époque"). Cet été-là, la disco triomphait, du très huppé Studio 54 aux banlieues ploucs; Manhattan voyait l'éclosion des premières tribus punks; un serial killer décimait les jeunes en train de se bécoter dans les voitures; une panne de courant plongeait la ville dans l'obscurité, provoquant émeutes et casses; Giuliani n'avait pas encore «nettoyé» la cité" Gore. Le film a beaucoup de problèmes. Le principal étant que l'été 1978 ne peut en aucun cas constituer un sujet de film. Des pans entiers du récit auraient pu tomber au montage. En premier lieu, toute la partie autour du serial killer, pastiche réchauffé du pire gore hollywoodien post-David Fincher, qui nous fait basculer dans un autre film, particulièrement mauvais et clicheteux. On se serait volontiers passé aussi des interventions plus ou moins humoristiques du cinéaste grimé en journaliste, tout comme des scènes avec Ben Gazzara. La moitié du temps, le film semble hors sujet, victime d'avoir v