La messe est dite, le cap Horn du siècle passé sans trop d'encombre.
Ce fut comme un non-événement pas désagréable dans sa banalité. La série «2000 vu par"» initiée par Arte et Haut et Court égrenait à l'échelon planétaire les catastrophes intimes qui ne manqueraient pas d'arriver à chacun au moment du basculement collectif dans le triple zéro. Vus avant l'échéance, les films avaient valeur de prophéties. Aujourd'hui, la sortie en salles du Premier Jour, version cinéma de l'épisode brésilien réalisé par Walter Salles (Central do Brasil) et Daniela Thomas, déplace le problème, oblige le spectateur à revivre l'actu encore chaude sur le mode de la conjecture déjà froide et peut-être désuète.
Simplicité rugueuse. On y voit deux destins parallèles à Rio finir par se croiser, le temps d'une rencontre fugace. D'un côté, un évadé de taule, João, en mission commandée pour abattre l'un de ses meilleurs amis; de l'autre, Maria, une jeune éducatrice pour sourds-muets, désespérée après le départ-surprise de son amant. Lui va tuer dans les favelas, elle veut mourir du haut d'un immeuble des beaux quartiers. La mort plane et frappe au coeur même des festivités des plages de Copacabana.
La simplicité rugueuse des plans, le jeu enfiévré de Fernanda Torres et Luis Carlos Vasconcelos participent à la réussite du film que ses auteurs ont voulu claustrophobe. On sera donc privé des imageries de carte postale d'un Brésil sensuel au profit d'un récit surtendu et d'une violence tragique. Walter Salles