Fin des années 70, les déçus du collectif pulvérisent leurs
dernières illusions sur les pistes de danse disco. Si la musique contemporaine se fait plus depuis les années 60 l'écho du non-monde, post-idéologique, la musique pop, pour des raisons de rentabilité, ne se pose pas ces questions. Un disque va refuser le culte de l'individu régnant alors dans ce monde pop: Music for Airports de Brian Eno (1), album inaugural de ce qu'on appellera la culture ambient. Pas de visage sur la pochette de ce disque sans rythme ni paroles qui semble annoncer la fin de toute velléité d'auteur à l'heure technologique. La musique de Music for Airports n'avait rien à dire et n'appartenait par définition à personne. Clapotis de piano se perdant dans un nuage de choeurs séraphiques, flûtes échappées du sud de Java, bourdonnements rythmés par de lointains kotos" Tous ces sons semblaient surgir de nulle part et se combiner à l'infini pour les passagers en transit qu'Eno photographiait, rejoignant leur satellite sur des tapis roulants.
Culture de l'éphémère. Poursuivant l'aventure en vidéo, grâce à des installations itinérantes (passées alors par Beaubourg), Eno participait d'une nouvelle culture de l'éphémère, vibrant au diapason des romans fracturés de William Burroughs, de l'opéra répétitif Einstein on the Beach de Philip Glass et Bob Wilson, des films décalés de Derek Jarman (qui lui commande la BO de son Sebastiane) ou des designers japonais. Il faudra les chill outs des raves, ces sas de décompr