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Libération
Disparition

Jean-Pierre Mocky, la folie des glandeurs

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Le cinéaste à l'emporte-pièce de 70 ans cultive une frénésie dépassionnée. «Tout est calme» sur les écrans.
par Hervé AUBRON
publié le 10 janvier 2000 à 22h12

Et allez, un de plus. C'était quoi, déjà, celui d'avant? Pas le temps de se rappeler. La filmographie de Mocky, c'est un peu la politique des assignats. Les trois huit, plus d'un film par an. Mais ça tourne à la série limitée. L'offre du jour s'appelle Tout est calme et, comme ses trois précédents, n'est pratiquement pas distribué. En plus, il est «interdit par la télévision». Pas acheté, quoi.

«C'est quand même suspect. Ils achètent des tas de conneries, pratiquement tout. Alors, même si on suppose que mon film est une merde"» Mocky parle comme il achalande ses rayonnages, en flux tendu. Un cigarillo et c'est parti. Ne pas s'arrêter, ne jamais laisser de blanc, à l'écran ou ailleurs. Gouaille un peu lasse mais rodée, coups de gueule paramétrés. Si on perd le fil, tant pis, on meuble: on daube sur les «confrères», on se lance dans la diatribe fleurie («Les Césars, Cannes, tout ça, c'est du caca»), on lâche un souvenir pittoresque. Mais surtout, ne pas perdre de vue sa fixette: «Vous pourriez me dire que je demande trop cher. Mais même au franc symbolique, ils n'en voudraient pas.» Le maquignon aime chicaner; il a sa petite idée: Tout est calme dérangerait en haut lieu. Et il a des preuves: «On a appelé FR3 Besançon pour leur interdire de m'interviewer et une amie à TF1 m'a dit qu'elle se ferait virer si elle achetait le film.»

Ah bon? Le brûlot consiste à attribuer toutes les morts suspectes, de Henri IV à Bérégovo