La facture! La facture! A combien se montent les dégâts occasionnés
par la tempête au patrimoine culturel? 400 millions de francs? le double? le triple? «Je me trouve dans la position la plus désespérée: celle du technicien auquel, le lendemain d'une catastrophe, le politique demande la facture», soupire un haut fonctionnaire du ministère de la Culture, à la veille d'une série de réunions interministérielles qui doivent répartir les allocations d'aide. Si l'évaluation est trop élevée, il est condamné à n'être pas pris au sérieux. Si elle s'avère trop faible, il lui sera reproché de n'avoir point fait ce qui était en son pouvoir. Le risque n'est pas moindre compte tenu d'une multiplicité d'impondérables, dont le plus important est l'option qui se présente aujourd'hui aux pouvoirs publics: faut-il se contenter de parer au plus urgent? Ou bien entamer des restaurations en profondeur, qui deviennent plus impératives à chaque nouvelle alerte? Dans ce cas, les budgets avancés dans la hâte peuvent être multipliés par deux, trois, voire cinq ou dix. Car si les dégâts au patrimoine sont d'une telle gravité, ce n'est pas seulement parce que la tempête a été particulièrement brutale. C'est aussi parce qu'elle a soufflé sur des bâtiments victimes d'un «mal-entretien chronique», pour reprendre l'expression d'un architecte des Monuments historiques. Le cas du château de Versailles est le plus flagrant. Le malheur a voulu qu'il se trouve en un endroit exposé aux vents les plus violents. M