Si on raisonnait comme une balance, les 8 947 102 spectateurs qui en
1999 sont allés voir Astérix et Obélix de Claude Zidi ne pèseraient pas lourd face aux 14,1 millions de téléspectateurs qui, le 6 novembre, d'un seul coup d'un seul, ont regardé le match de rugby France-Australie retransmis par TF1. Et le second du ciné box- office, Star Wars Episode1, ne pèserait guère mieux puisqu'il lui a fallu trois mois et demi pour comptabiliser 7 200 132 spectateurs, alors que le 19 novembre il a suffi d'un seul JT de TF1 pour rameuter 13,8 millions de téléspectateurs devant l'air las de Claire Chazal. Ce genre de comparaison, si elle a le don drolatique de relativiser l'immodestie légendaire des industriels du cinéma, a aussi la vertu de son vice. Les chiffres d'audience de TF1 sont en effet extraits d'une double page de publicité (couleur) qui investit ces temps-ci la presse écrite. Indéniables (source: Médiamétrie/Médiamat) quoique comiques dans la description des procédures de sondage (qu'est-ce que l'avis d'un individu «de quatre ans et plus»?), ces chiffres sont proclamés comme autant de communiqués de victoire. Et il est vrai que les millions de téléspectateurs ainsi affichés ont quelque chose d'un bilan de guerre, comme un mémorial de remerciements adressés à tous ceux symboliquement tombés au champ d'horreur de l'Audimat. Car il y a toujours beaucoup de terreur à imaginer qu'on puisse être, soi compris, 14 millions à faire exactement la même chose au même moment, chacun chez