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Usine

Humain, trop humain

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Avec «Ressources humaines», Laurent Cantet (ré)invente magistralement le cinéma ouvrier.
Franck (Jalil Lespert), jeune cadre aux RH de l'usine où travaille son père. (Haut et Court)
publié le 14 janvier 2000 à 21h58

On reprocha longtemps au jeune cinéma français de ne s’intéresser qu’à sa propre chimère, son vain miroir petit-bourgeois. Occultés, ignorés, tabous, l’usine, la classe ouvrière, les conflits sociaux formaient les grands trous noirs de la fiction sur grand écran. Ce n’était d’ailleurs pas le fait du seul cinéma: la télévision, la littérature, la sociologie même, ont chacun tenu à distance le monde ouvrier, cet objet malcommode, si peu adéquat aux fantasmes des années 80 et suivantes, qui célébraient sa disparition.

Il aura fallu quelques déclencheurs opportuns pour que change cet état d’esprit. La somme collective publiée par Pierre Bourdieu, Toute la misère du monde, en fut un. Les grèves de décembre 1995 en furent un autre. Sur cette crête, sans devenir tout à fait glamour, la classe ouvrière commença d’effectuer un come back saisissant dont Marius et Jeannette de Robert Guédiguian peut faire figure d’épicentre, même si c’est sous la forme d’une féerie civile et utopique. Il revenait par conséquent à d’autres de creuser le problème autrement.

Avec Ressources humaines, nous y sommes. Et de plain-pied. L’histoire, coécrite par le metteur en scène