Deux cubes de contreplaqué posés au milieu d'une vaste pièce
blanche. Deux caisses badigeonnées de gris. On peut les ouvrir, y entrer, rester un instant, en silence, marcher, se laisser gagner par la claustrophobie. Ce sont deux cellules individuelles d'isolement de la prison de Khiam. Pendant des années, Israël a tout simplement nié l'existence de ce centre de détention installé dans la zone occupée par son armée au Sud-Liban. De 1985 à 1995, personne n'a pu visiter Khiam. A tel point qu'une détenue, sortie en 1992, n'était au courant ni de la guerre du Golfe ni de l'arrêt de la guerre civile au Liban. Une galerie d'art contemporain lui consacre aujourd'hui une exposition pas comme les autres: les objets exposés sont annexes, ce sont leurs histoires qui priment.
144 prisonniers. Deux cellules, donc, reconstituées d'après les témoignages des prisonniers qui en sont sortis. Celle pour femme mesure 1,80 m de long sur 80 cm de large. Souha Bechara, âgée aujourd'hui de 33 ans, y a passé dix longues années (1988-1998), dont six dans la «boîte». C'est d'après ses indications que la cellule «d'exposition» a été reconstituée. Lors de ses séjours en isolement, elle s'obligeait à marcher: 1 000 allers-retours chaque jour, entre 3 et 4 kilomètres. Lorsqu'elle est entrée à Khiam, Souha était une jeune militante communiste qui avait tiré au pistolet sur Antoine Lahad, le chef de l'Armée du Liban-Sud (ALS), la milice supplétive d'Israël dans la zone occupée. A sa sortie, c'est une femme d'