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Libération
Critique

Le temps trouvé. L'art prend son temps. Si l'expo n'est pas centrée sur les oeuvres, elles y ont toute leur place.

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publié le 15 janvier 2000 à 21h57

Vite! Donnez-leur quelques heures, minutes, secondes. A qui? Aux

artistes. Telle est la première doléance de l'art. L'art réclame du temps et, en retour, rend le temps sensible: lire Proust dans son intégralité consiste d'abord à lui donner ce temps. A la recherche du temps perdu sera lu à haute voix durant le Temps, vite!: ce sont les lecteurs qui se succéderont, une chaîne d'écrivains qui, chacun leur tour, consacrent du temps au Temps.

Il s'agit, dans le Temps, vite!, moins du temps de fabrication d'une oeuvre, que de celui réclamé pour la considérer. Du temps subjectif: temps concentré sur la boule de plastiline que l'artiste mexicain Gabriel Orozco a roulée dans les rues et qui conserve les traces poussiéreuses de sa pérégrination (1992). Temps évaporé sur le crâne de l'artiste italien Alighiero e Boetti ­ du moins de son simulacre, fondu dans le bronze ­ grâce à un filet d'eau qui coule continûment et s'évanouit en un nuage de condensation (Autorittratto, 1993).

Cadence hypnotique. Le Temps, vite! n'est pas centré sur les oeuvres d'art, mais si l'expo présente sans hiérarchisation des instruments et des objets de curiosité, des écrans aussi bien que des photos et des tableaux, si elle «invente» aussi des installations plastiques (lire ci-dessus), il y a néanmoins des artistes présents. Leurs travaux constituent souvent les «pièces» les plus imposantes: Ferrari et Romanée Conti, de Bertrand Lavier, composé d'une bouteille de vin vieux et d'un modèle de voiture de course, c