Depuis son «adoption» par la scène world, en 1991, quiconque a le
goût des musiques gitanes a entendu parler de Clejani, ce village de Roumanie peuplé de lautari, musiciens de père en fils dont la crème constitue le Taraf. Latcho Drom, le film de Tony Gatlif, les montre in situ, avec des images de fiesta dans la boue. A l'époque de leur apparition, des grincheux avaient suggéré que le Taraf n'était qu'une formation tsigane parmi des milliers, que les promoteurs de spectacles crouleraient bientôt sous les groupes de cette trempe. Il y en a eu (dont le Coçani Orkestar, autre protégé de la même équipe) mais les haïdouks («bandits d'honneur») sont restés maîtres. Témoin, les hommages vibrants: de Yehudi Menuhin au Kronos Quartet, de Johnny Depp à Yohji Yamamoto The Independent n'hésitant pas à qualifier le Taraf de «plus extraordinaire groupe tsigane du monde». Ou encore ce concert échevelé, mardi à l'Européen, le premier d'une série de douze, où les musiciens (trois accordéonistes, quatre violonistes, un flûtiste, trois joueurs de cymbalum et un guitariste) ont fait assaut de virtuosité enflammée.
Salles intimes. Les paramètres du succès des Haïdouks ne sont pas uniquement musicaux. Leur carrière internationale semble être gérée avec grand soin par Crammed Disc, la maison de disques belge. Il y a d'abord le choix des salles: plutôt qu'un hall immense où la chaleur du spectacle se perdrait, le Taraf se produit dans de petits endroits conviviaux, à l'Européen à Paris, au Ronnie S