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Libération
Repères

Jésus se multiplie comme les petits pains

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publié le 19 janvier 2000 à 21h51

Joie, pleurs de joie, Jésus revient. C'est le scoop audiovisuel du

moment sur fond de carambolage chrétien même pas crypté et de lifting évangélique tous azimuts. Sur les murs de nos cités mécréantes, des affiches rouge sang éclaboussent les murs, barrées d'un slogan: «Es-tu encore parmi nous?» Ce teasing publicitaire vaguement terrifiant annonce pour Pâques le nouveau show de piété de Robert Hossein: Jésus, la résurrection, suite dans le registre providentiel de son «de Gaulle».

A la télé, pour notre Noël en chaussons, Serge Moati s'était lui aussi fendu d'une vie du fameux crucifié raconté par le chanteur de raï Faudel et filmé dans les paysages touristiques du Maroc. Ce Jésus world était interprété par un rital beau gosse et mal rasé postpasolinien (Arnaud Giovanetti), et Faudel expliqua en guise d'accroche au JT: «C'est un Jésus qui danse, qui boit, qui aime la vie, quoi!» Dans la série «2000 vu par», Martin Donovan se prenait pour Jésus et revenait sur terre pour discuter de l'apocalypse devant la caméra de Hal Hartley. Avec son Messie, William Klein illustrait à sa façon, démiurgique, documentaire et iconoclaste, l'oratorio de Haendel. Nettement plus gore, dans l'ignoble Resurrection, Christophe Lambert assiste impuissant aux agissements d'un serial killer qui reconstitue avec les membres sectionnés de ses victimes le corps du Christ en croix. Bizarrement, pas l'ombre d'une protestation du côté des cathos intégristes qui plastiquèrent Je vous salue Marie (de Godard) et l