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Libération
Critique

«Toreros» reflète le mal-être de l'ex-espoir de la réalisation française. Eric Barbier dans la manade. Toreros d'Eric Barbier, avec Olivier Martinez, Claude Brasseur, Sergi Lopez; durée: 1 h 25.

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publié le 19 janvier 2000 à 21h51

Le personnage de lune dans le caniveau qu'Eric Barbier s'est peu à

peu forgé lors de la décennie passée est l'exemple le plus significatif et certainement le plus tragique des ravages que peut faire la machine cinématographique lorsqu'elle construit autour d'un jeune cinéaste une attente forcément décevante.

Démesure. En 1991, Eric Barbier était le jeune espoir de l'industrie des étoiles: fort de quelques courts métrages remarqués, il arrivait à point nommé pour prendre la relève d'un Beineix tout en présentant un surmoi auteuriste qui laissait courir une rumeur de nouveau Carax. Le Brasier présentait un budget hallucinant, sans doute le plus important délégué en France pour une premier oeuvre. Vite rebaptisé «le Bourbier» par les mauvaises langues (elles ne manquèrent pas), le film sortit le jour même où la planète croyait vivre en live la troisième guerre mondiale, sous pluie de Scud et d'embrasement des puits du Golfe. Faute à pas de chance? Satan Hussein bombarda vite un film de toute façon raté par sa démesure.

Depuis, le reste ne fut pour son auteur que dégringolade et poisse: relégué en subdivision, incapable de se remettre de son nuage crevé, Barbier semble livrer de façon homéopathique des travaux ternes jusqu'à ce Toreros de mauvais augure, vieux de trois ans et aujourd'hui en sortie bradée. Toreros est pourtant, par son étrangeté et sa détermination à ne plus parler aujourd'hui que de son impuissance, le film le plus intéressant d'Eric Barbier, tout en charriant d'a