Menu
Libération
Critique

Une toubib illuminée affronte des tarés millénaristes. Seigneur!«Dogma», la croix et la bannière. Dogma de Kevin Smith avec Ben Affleck, Matt Damon, Linda Fiorentino, Salma Hayek"" 1 h 57.

Article réservé aux abonnés
publié le 19 janvier 2000 à 21h51

On connaissait le rock chrétien d'outre-Atlantique, qui, sur le mode

de «Jesus is cool», portait bruyamment la bonne parole aux jeunes brebis égarées en quête de valeurs morales et de transcendances. Précédé d'une réputation de souffre, Dogma ­ qui n'a rien à voir avec les histoires de Dogme de von Trier et de sa bande ­ correspond à cette accommodation au goût du jour des vieilles lunes chrétiennes. Toujours prête à se faire peur, la Catholic League a essayé d'interdire la sortie d'un film qu'elle jugeait offensant, envoyant aux frères Weinstein de Miramax (filiale de Disney) des lettres de menaces, parfois ponctuées d'insultes antisémites. Michael Eisner, PDG de Disney, n'a pas caché son embarras et se voyait mal distribuer un film jugé fort peu recommandable. Finalement, le souffre et le scandale sont retombés, tout est rentré dans l'ordre, et le film a remporté un joli succès au box-office américain. Catéchisme new-look. Cinéaste d'une exceptionnelle médiocrité, bénéficiant depuis ses débuts d'une côte de faveur incompréhensible au regard de ses états de service (Clerks, Méprise multiple, deux caricatures bavardes du ciné indé US, déjà bien réac), Kevin Smith a vraiment l'air du type qui s'est construit intellectuellement entre une pile de bédés et un monceau de vieilles pommes- chips. Chrétien pratiquant (c'est lui qui le dit: «Pour moi, Christ est un pote que j'ai toujours connu») et crétin certifié (c'est nous qui déduisons: «J'ai l'impression de faire le boulot de l