En moins de dix jours, Peter Eötvös dirige et crée sa musique en
trois endroits à Paris, dont la Cité de la musique, jeudi, et le Théâtre du Châtelet, lundi prochain. La semaine dernière, au musée d'Orsay, les solistes de l'Ensemble intercontemporain donnaient un programme rétrospectif auquel assistait Pierre Boulez il nomma Eötvös premier directeur de l'Ensemble en 1978. Dimitri Vassiliakis s'installe au piano pour Kosmos de 1961. C'est l'époque où Eötvös compose pour le cinéma une musique polytonale ou chromatique, mais déjà personnelle: il y conjugue rythmes et mélodies empruntés au folklore, et micro-cellules weberniennes. Kosmos, façon de suite aux Sons de la nuit de Bartók, inspirée par le vol inaugural de Gagarine, décrit la naissance de l'univers jusqu'à son expansion maximale, puis le processus de rétrécissement et de dissipation des structures annonçant un prochain big-bang.
Trente-deux ans plus tard, Psy, fragment pour violoncelle, flûte et cymbalum de Psycho-Kosmos. Fort de ses expériences de pianiste, percussionniste et ingénieur du son, le Eötvös des années 70 met les grands moyens (orchestre symphonique, spatialisation électronique du son en temps réel) au service de l'introspection. A la recherche d'un Kosmos devenu le «Moi inconnu», l'écriture s'est libérée, semble moins programmatique, plus improvisée. Au tour du violoncelliste Peter Strauch de donner les Two Poems to Polly, extrait en avant-première du monodrame créé jeudi à Paris.
Deux mondes. Intervalles