Parfois, le pouvoir du cinéma sur son spectateur donne envie de
vomir. Une nausée qui découle de cette place inamovible que le cinéaste assigne à un spectateur soumis à sa dictature, à sa mise en scène. Au cinéma, on n'est jamais tout à fait à sa place. Et de cette non-place, on peut difficilement se défaire, sinon à sortir en pleine projection.
Faut-il se lever (et/ou vomir) durant The War Zone, le film de l'acteur Tim Roth? Sûrement. A cause de deux plans: l'image furtive d'un sexe de nouveau-né en sang, suggéré violé, et une séance de sodomie qu'un père fait longuement subir à sa fille. Une scène filmée depuis le point de vue planqué du voyeur, avec une ostentation pesante qui n'est que jouissance de l'instant, du pouvoir de voir. Deux plans inacceptables. Deux plans filmés «porno».
Part biographique. Devant cela, il faut rappeler des évidences. Pour vous qui, à la sortie de la salle, ne saurez peut-être pas à quoi vous en tenir. Mais aussi pour Tim Roth, cinéaste blessé, dont on sait désormais la part biographique qui lui fit choisir l'inceste pour sujet et qui ne cache pas être motivé par une envie de renvoyer son dégoût. Alors, traduisons son propos: «Vous allez bander devant ces scènes que j'ai filmées exactement comme j'aurais filmé un porno: dans la délectation de la durée et l'écoulement de la soumission. Vous vous écoeurerez vous-mêmes. Et après, vous aurez non seulement ressenti la puissance abjecte du bourreau, mais vous vous serez salis de son regard et de sa joui