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Libération

Les «empêcheurs de penser en rond» empêchésA la suite d'un article du «Canard enchaîné», l'existence de cette collection est menacée. (Philippe Pignarre, Ian Hacking)

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publié le 26 janvier 2000 à 21h40

En attaquant un livre publié par les Empêcheurs de penser en rond,

le Canard enchaîné se doutait-il qu'il risquait de mettre la maison d'édition entière en péril? Il n'est pas fréquent qu'un laboratoire pharmaceutique ­ en l'occurrence l'institut Synthélabo ­ se lançant dans une entreprise éditoriale donne le jour à une collection d'ouvrages qui, en une dizaine d'années, finit par s'imposer dans ce domaine pourtant «critique» que sont les sciences humaines. C'est ce qui est arrivé avec les Empêcheurs de penser en rond, qui, de «collection», sont devenus peu à peu, sous la direction de Philippe Pignarre, une véritable maison d'édition. Le catalogue est impressionnant, tant par la qualité des titres (traductions inédites, rééditions de textes classiques introuvables, ouvrages de référence en psychiatrie, ethnologie, philosophie, histoire des sciences") que par le nom des auteurs (Clérambault, Gabriel Tarde, Devereux, Meyerson, Henri Ey, Dagognet, Isabelle Stengers, Bruno Latour, Tobie Nathan").

Les intellectuels se mobilisent. Or, ces jours-ci, une pétition signée d'universitaires français et étrangers circule, appelant à une mobilisation en faveur des Empêcheurs de penser en rond, dont l'existence même serait gravement mise en danger. Que s'est-il passé? Deux séries d'événements qui, de prime abord, semblent ne pas avoir de liaison. En 1998, l'institut pharmaceutique Synthélabo fusionne avec Sanofi, une filiale d'Elf. Dans ce nouveau et puissant groupe, l'activité éditoriale