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Interview

Membre de la délégation française à Stockholm, Dominique Borne met en garde contre un traitement trop émotionnel de la Shoah à l'école. «Ne pas enseigner une Histoire en noir et blanc».

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publié le 27 janvier 2000 à 21h39

Membre de la délégation française au Forum de Stockholm, Dominique

Borne, 60 ans, est doyen de l'inspection générale pour l'histoire-géographie. Peut-on enseigner la Shoah, et si oui comment?

Bien entendu, c'est indispensable. On peut l'enseigner dans un cadre historique. «L'extermination des juifs» figure ainsi au programme à la fin des collèges en troisième, et aussi en terminale.

Comme n'importe quel autre chapitre de l'Histoire?

C'est une question très difficile: c'est un événement incomparable, mais de même que la Seconde Guerre mondiale est incomparable ou que le nazisme est incomparable. Or, c'est le nazisme qui se trouve au coeur de cette série d'événements, qu'il faut pouvoir expliquer. Le 30 janvier 1933 sonne la fin de la démocratie, et c'est elle qui annonce la marche vers l'extermination. C'est peut-être cela le message qu'il faut transmettre: la défense de la démocratie. Il faut encore attendre 1941-1942 pour que s'organise l'extermination des juifs. Sauf exception, elle se fait dans des lieux précis, à l'est de l'Allemagne, dans des pays où l'antisémitisme était florissant avant la guerre" Ce n'est pas un hasard. Il faut donc enseigner la Shoah, mais il faut l'enseigner rigoureusement. Il ne suffit pas de jouer sur la corde de l'émotion. On ne peut pas traiter l'Histoire autrement, sinon on aboutit à des contresens. D'ailleurs on a tendance à ne parler des juifs que lorsqu'ils sont persécutés, exterminés: c'est un des problèmes de l'Histoire en France. Un aut